Martin Walser

Mort d'un critique

Littérature étrangère
Traduit de l'allemand par Sylvie Taussig

Quand Munich se réveille un matin sous la neige, André Roi-Désaulneurs, le pape de la critique, la star de la télévision, le dieu omnipotent de la littérature, a disparu. Aussitôt Jean Ris est accusé de l'avoir assassiné, parce que le critique a éreinté son dernier roman, Une fille sans ongles aux orteils, et pourtant on ne retrouve pas le corps. C'est un voisin de Ris, lui-même auteur, spécialiste de la mystique allemande, qui mène l'enquête, parce qu'il veut se convaincre de l'innocence de ce romancier qui lui a peut-être offert son amitié. Se hissant au statut de narrateur d'une histoire bien contemporaine, il rend visite aux différents acteurs de cette ténébreuse affaire ?– éditeurs, auteurs, fonctionnaires de police, psychanalystes, détenus... ?–, en même temps qu'il parcourt les ouvrages de Ris, à la recherche de l'indice qu'ils devraient nécessairement contenir, s'il est vrai que l'homme et le romancier sont un. Mais c'est un abîme qui s'ouvre devant lui, où il s'engouffre, alors que l'accusé semble plongé dans un silence sans fond. Peut-on écrire un roman sur la base d'une satire au vitriol du monde des lettres et sur le constat de la mort de l'art ? Si l'enquête est haletante, riche de rebondissements, les personnages s'animent entre la cocasserie et le tragique : humains, trop humains sont-ils tous autant qu'ils sont, attendrissants et méchants à la fois, tel le narrateur qui sait inventer une langue époustouflante, du pamphlet à la mystique, de la philosophie à la romance, du rire aux larmes, de la langue parlée jusqu'aux plus hautes sphères de la perfection formelle. Entre méchanceté et humour, un regard extrême sur le pourrissement de la société du spectacle et ses institutions vénérées, dans une intrigue menée tambour battant qui invite aussi à entrer dans ce chaos d'âme obscur qu'est l'écrivain.

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Biographie
Romancier, auteur dramatique et essayiste allemand, Martin Walser, né en 1927, construit une ?œuvre sur le décalage entre l?’individu et l?’être social. Il revendique la distance ironique dans son écriture, avec un double héritage de Kafka et de Robert Walser.

Ce qu'en pense
la presse

« La réputation de ce roman n?’est pas usurpée : c?’est une merveille ; et une merveille sulfureuse. »

?€ nous Paris

« Un petit traité de décomposition sans concession. »

Le Matricule des anges